[ jeudi 27 avril 2006, 10h44 - Reuters ]
PARIS (Reuters) - Les avocats des familles des deux jeunes électrocutés fin octobre à Clichy-sous-Bois veulent faire reconnaître à la justice administrative une "faute de service" des policiers.
L'annonce de la mort des deux adolescents en Seine-Saint-Denis avait enflammé les banlieues, provoquant quinze jours d'émeutes et conduisant le gouvernement à décréter l'état d'urgence. L'enquête judiciaire est toujours en cours.
Pour Jean-Pierre Mignard, l'un des avocats des familles, ces délais sont normaux, voire rassurants.
Le soin qu'apportent les enquêteurs à vérifier les faits est un "élément de confiance dans le fonctionnement des institutions de ce pays", a-t-il expliqué jeudi matin sur France Info, six mois jour pour jour après le décès des deux adolescents.
Les défenseurs des familles ont déjà saisi la juridiction pénale et le procureur de la République pour non-assistance à personnes en danger.
"Nous voulons saisir le tribunal administratif sur un autre type de faute qui se cumule avec la première (...) une faute de service car en effet il n'y a pas de tentative, de cambriolage ou d'effraction" sur un chantier proche du transformateur, comme l'avait initialement annoncé le ministre de l'Intérieur, a fait valoir Me Mignard.
"Il nous semble que les conditions dans lesquelles cette opération de police s'est déroulée sont des conditions excessives, disproportionnées et périlleuses pour la vie d'adolescents mineurs", a-t-il ajouté.
A ses yeux, Nicolas Sarkozy "s'honorerait en reconnaissant qu'il a été trompé".
Au lendemain de la mort des deux adolescents, le ministre de l'Intérieur avait déclaré que trois jeunes qui n'étaient pas poursuivis par la police s'étaient cachés dans le transformateur après une tentative de cambriolage. "S'en est suivi une nuit d'émeute, je dirais une de plus", avait-il ajouté.
"Il y a un certain nombre de choses que l'on peut dorénavant considérer comme acquises et qui l'étaient (...) dès les premiers jours. Si on les avait reconnues, cela aurait pu éviter bien des choses, bien des tourments", a déploré Jean-Pierre Mignard.