LENS, 20 juillet (AFP) - Plusieurs milliers de Témoins de Jéhovah se réunissent ce week-end au stade Bollaert de Lens (Pas-de-Calais), au regret du maire de la ville, qui avoue son impuissance, et en dépit des protestations d'une association antisectes.
"J'avais pensé à tout sauf à ce que les Témoins de Jéhovah reviennent", regrette le maire socialiste Guy Delcourt, pris de court par la décision du club de football de Lens de louer son enceinte à cette association cultuelle, classée dans la liste des mouvements sectaires dans un rapport parlementaire de 1995.
Les Témoins de Jéhovah, qui revendiquent 250.000 adeptes en France, devraient être environ 10.000 à Lens vendredi, samedi et dimanche, selon eux. Ils se rassemblaient chaque année de 1990 à 1999 au stade Félix-Bollaert, avant de se réfugier à Douai (Nord), "poussés dehors" par Guy Delcourt à son arrivée à la tête de la municipalité.
A Lens comme à Douai, l'Association pour la défense des familles et de l'individu (ADFI) proteste chaque année contre la location de lieux de rassemblement aux Témoins. Elle estime pour sa part à 20.000 le nombre de participants à la manifestation lensoise.
Pour sa présidente régionale, Charline Delporte, "les politiques ne prennent pas leurs responsabilités" pour empêcher les rassemblements de ce type.
Mais la municipalité de Lens, bien que propriétaire du stade, a signé en 2002 un bail emphytéotique de 50 ans avec le Racing Club de Lens, le club de football de la ville.
"Je crois que les dirigeants (du club) n'ont pas vu plus loin en l'état actuel des choses: rien ne les autorise à interdire la location, puisqu'à chaque fois que ces gens-là (les Témoins de Jéhovah, ndlr) sont passés devant les tribunaux, ils ont obtenu gain de cause", déplore Guy Delcourt, regrettant l'absence de moyens juridiques pour refuser la location.
Pour Jean-Marie Bomba, directeur de Bollaert Développement, filiale du club chargée de la gestion du stade, "on n'est pas là pour juger".
Le maire de Lens entend que cela ne se renouvelle pas et "pense prendre à la rentrée un arrêté interdisant toute manifestation cultuelle au Stade Bollaert: chacun son temple".
"Les Témoins de Jéhovah sont une association cultuelle reconnue expressément par le Conseil d'Etat et qui bénéficient à ce titre de la liberté de réunion", a expliqué mardi sur Europe 1 le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, interpellé par M. Delcourt.
Ce que ne manquent pas de rappeler les Témoins qui s'estiment victimes d'une chasse aux sorcières et "déplorent de voir des individus, animés par des mobiles douteux, s'en prendre aux droits fondamentaux reconnus par la République: la liberté de réunion et la liberté de religion".
"Comme chaque année à pareille époque, les ADFI s'efforcent de capter l'attention des médias (...), profitant de nos rassemblements cultuels d'été, les ADFI interpellent les pouvoirs publics pour leur demander sans sourciller de nous interdire", estiment les Témoins, qui organisent 30 rassemblements de ce type en France au cours de l'été.