[ jeudi 28 septembre 2006, 15h51 - AFP ]
Un professeur de philosophie, menacé de mort après la publication d'une tribune virulente sur l'islam dans Le Figaro, a été placé sous protection dans un endroit secret et n'assure plus ses cours depuis une semaine dans un lycée près de Toulouse.
A 52 ans, Robert Redeker, professeur à Saint-Orens-de-Gameville (Haute-Garonne), n'en est pas à son premier article polémique dans la presse. Mais cette fois, il a reçu des "menaces de mort écrites, sous forme de mails" le jour même de la publication, le 19 septembre, et n'est pas réapparu dans l'établissement le lendemain, selon le proviseur Pierre Donnadieu.
"A l'évidence, c'était relativement grave", a-t-il poursuivi.
Le ministre de l'Education nationale Gilles de Robien, tout en se déclarant "solidaire" du professeur, jeudi sur RTL, a souligné qu'"un fonctionnaire doit se montrer prudent et modéré en toutes circonstances".
La police n'a pas souhaité s'exprimer "pour des raisons de sécurité", mais selon La Dépêche du midi, ce père de famille serait protégé par la DST et placé "en lieu sûr".
Interrogé par le journal, M. Redeker, qui ne regrette pas d'avoir écrit ce texte, a déclaré avoir éprouvé "de l'angoisse dans un premier temps car ces menaces sont précises et visent (sa) vie".
"De la tristesse, ensuite, car ce qui m'est fait correspond tout à fait à ce que je dénonce dans mes écrits: l'Occident se retrouve sous surveillance idéologique de l'Islam", a-t-il ajouté.
Dans sa tribune intitulée "Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre?", l'auteur qualifie notamment le Coran de "livre d'inouïe violence" et le prophète Mahomet de "chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame".
Dressant un parallèle avec la guerre froide, il considère que, "l'islam se présente, à l'image du défunt communisme, comme une alternative au monde occidental" et qu'il "est une religion qui, dans son texte sacré même, autant que dans certains de ses rites banals, exalte violence et haine".
A la suite de cette publication, l'édition du 19 septembre du Figaro a été interdite en Tunisie.
Auteur de nombreux articles, notamment sur le révisionnisme et l'enseignement, et détenteur d'un site internet, M. Redeker est connu pour ses prises de positions polémiques au sein du corps enseignant. Il est d'ailleurs loin de faire l'unanimité au sein des 1.500 élèves et 200 membres du personnel de ce lycée, où il exerçait depuis cinq ans.
"Il a abordé à plusieurs reprises la question de l'islam en France et aimait attirer l'attention sur lui", a souligné un enseignant, sous couvert d'anonymat, précisant que ses propos agaçaient souvent ses collègues, qui n'ont pas apprécié la mention du lycée dans l'article.
Au lycée, élèves et professeurs ont été informés vendredi de la situation. "Le fait d'expliquer les choses, la passion est immédiatement retombée", a estimé le proviseur.
Aujourd'hui, les lycéens se disent rassurés, le professeur a été remplacé, le plan vigipirate renforcé et les courriers adressés à M. Redeker filtrés.
"C'est normal qu'il y ait des gens qui se révoltent, il a dit des choses qui étaient fausses par rapport au Coran (...). On a eu peur des représailles", a estimé Chloé, une des élèves du professeur.
Afin d'assurer "le lien pédagogique", le proviseur est régulièrement en contact avec Robert Redeker. "Ce remplacement durera autant que nécessaire", a ajouté M. Donnadieu, qui a rappelé à l'équipe enseignante les principes de la laïcité.
© 2006 AFP