Une partition de Beethoven
retrouvée à Philadelphie
Une partition de 80 pages écrite de la main même de Beethoven et dont on avait perdu la trace il y a 115 ans, a été retrouvée près de Philadelphie (nord-est des Etats-Unis), a annoncé jeudi à New York la maison de ventes Sotheby's, qui sera chargée de la mettre aux enchères.
Sa valeur est estimée de 1,7 million à 2,6 millions de dollars. Jamais une pièce de Beethoven d'une telle importance n'avait été mise sur le marché depuis des décennies.
La précieuse partition de la "Grande fugue" a été retrouvée en juillet par la bibliothécaire d'un séminaire évangélique près de Philadelphie, qui mettait de l'ordre dans des archives conservées au sous-sol.
Le manuscrit a ensuite été transmis pour authentification à Sotheby's, qui a assuré qu'il était bien de la main du compositeur allemand (1770 -1827).
Le document sera offert aux enchères lors d'une vente organisée à Londres le 1er décembre. Auparavant le public pourra l'admirer chez Sotheby's à New York du 16 au 19 novembre.
Selon Sotheby's, il contient de nombreuses annotations et ratures, ce qui en fait sa valeur, selon les experts, car les modifications, souvent au crayon rouge, reflètent la façon dont le compositeur procédait.
Ce document de travail de 1826, un an avant la mort du compositeur, est la seule source manuscrite complète de la version de la Grande fugue pour piano à quatre mains, une pièce difficile à l'origine composée pour un quatuor de cordes.
"La passion et les difficultés de Beethoven quand il travaillait peuvent se voir graphiquement: plus la musique est intense, plus les annotations sont étendues", relève la maison de ventes.
Cette oeuvre fait partie des dernières compositions de Beethoven du temps de sa surdité.
Le manuscrit avait été vu pour la dernière fois lors d'une vente aux enchères à Berlin en 1890. Il avait alors été acheté par William Howard Doane, industriel de Cincinnati (Ohio) et collectionneur de partitions.
En 1952, sa fille Marguerite fit un don à l'Eastern Baptist Theological Seminary pour la construction d'une chapelle. Y figuraient plusieurs partitions dont une fantaisie et une sonate de Mozart, et la "Grande fugue" de Beethoven. La partition de Mozart fut redécouverte dans les locaux du séminaire en 1990.
"L'extraordinaire découverte (de la partition de Beethoven, ndlr) nous rappelle l'excitation d'il y a quinze ans", a commenté le directeur du séminaire, Wallace Charles Smith. "A l'époque on l'appela le miracle Mozart. Aujourd'hui il semble approprié d'être reconnaissants pour la bénédiction Beethoven".
Extrait de http://www.musicologie.org